Grand Orient de France


Dans plusieurs de ses innombrables textes maçonniques, Jacques-Étienne Marconis de Nègre fait état des origines antiques et orientales du Rite de Memphis.

En vérité, selon les Bédarride dans une lettre à la Préfecture de Police en 1839, Marconis, alors précepteur des enfants du ministre des Finances, a été initié dans une Loge de Misraïm le 21 avril 1833, a obtenu le 13e degré et en a été exclu le 27 juin. Il se serait alors rendu à Lyon où, sous le nom de Nègre (sans doute le nom de sa mère), se présentant comme « employé dans une maison de commerce », il se serait fait adresser une patente lui permettant d’ouvrir une Loge au rite de Misraïm sous le titre distinctif de La Bienveillance et aurait obtenu un diplôme lui accordant le 66e degré du rite. Il aurait procédé à des modifications dans le rituel et vendu des médailles maçonniques pour son propre compte d’où une enquête des Bédarride se concluant par une seconde exclusion, le 27 mai 1838.

Il aurait alors tenté, sans succès, de faire admettre La Bienveillance au sein du Grand Orient. Il dit l’avoir mise en sommeil le 30 mars 1838 mais non sans avoir constitué le 28 mars / mai 1838 une seconde Loge de La Bienveillance à Bruxelles puis ouvert en juin 1838 (ou, selon une autre version en 1839), la Loge Osiris à Paris dans le local du Prado.

 

Portrait de Jacques-Étienne Marconis de Nègre (1795-1868)

1849, lithographie, frontispice du livre Le Sanctuaire de Memphis, H. : 20,5 cm ; L. : 11,5 cm, Bibliothèque du GODF.

Portrait dessiné par Achille Coqueret (1813-1878) et lithographié par Caron. Coqueret était membre de la Grande Loge des Philadelphes à Paris, la Mère-Loge du Rite de Memphis.

 

Circulaire de la Loge La Bienveillance au Rite de Misraïm à Lyon sous la présidence du Frère M.-Nègre

1838, imprimé, Bibliothèque du GODF, Fonds Ragaigne.

Lors d’une tenue de prestation de serment de la Loge récemment créée La Bienveillance, son Vénérable, le Frère M-Nègre fait l’apologie du Rite de Misraïm et de sa « Puissance Suprême »: « les yeux d’un nouvel  initié sont trop faibles pour soutenir l’éclat de la Lum\ Maç\, si on la lui montrait tout-à-coup sans aucune préparation, et c’est là la raison des grades nombreux qui forment l’échelle symbolique de la maçonnerie […] Pythagore, instruit dans la sagesse de l’Égypte, exigeait de ses disciples un long noviciat. »

 

Diplôme de Chevalier du Knef, 90e degré

17 septembre 1839, parchemin, encre, sceaux, H. : 44 cm ; L. : 35 cm, Musée de la franc-maçonnerie (coll. GODF).

Ce rare exemple de diplôme des tout débuts du Rite de Memphis montre combien Marconis s’est inspiré du Rite de Misraïm qu’il venait de quitter. L’autorité du rite n’est pas encore le « Souverain Sanctuaire » mais
encore le « Suprême Grand Conseil Général », « Puissance Suprême » ; le dernier grade n’est pas encore le « 95e » mais un 91e degré – juste un de plus ! – qui reprend le nom de celui de Misraïm (« Souverain Grand Maître absolu »). On retrouve dans le texte des passages identiques à ceux des diplômes de Misraïm comme « Salut sur tous les points du triangle » ou le dernier paragraphe sur l’aide et l’assistance réciproques. Le document lui-même utilise un parchemin pré-imprimé pour les hauts grades écossais proposé par un marchand de décors. Le seul élément vraiment original – et qui restera d’ailleurs dans le Rite de Memphis – est ce titre de Chevalier du Knef.

 

Diplôme de Patriarche Souverain Grand Conservateur de l’Ordre, 95e degré.

26 février 1850, parchemin, encre, H. : 52 cm ; L. : 40 cm, Musée de la franc-maçonnerie (coll. GODF).

Diplôme de « 95e » du Rite de Memphis à une époque où Marconis déploie une grande activité. En dépit des éminentes qualités du récipiendaire soulignées par le texte du diplôme, on ignore son nom. En effet celui-ci a été gratté et, dans la marge, une mention manuscrite au crayon précise « titre annulé ce membre ayant été exclu ».

 

Diplôme de Souverain Prince de Memphis, 91e degré du Frère Nicolas Edme Picard

6 juin 1850, papier, encre, H. : 39,2 cm ; L.: 51,4 cm, Musée de la franc-maçonnerie (coll. GODF).

Le texte de ce diplôme est plus court mais on y retrouve à peu près les mêmes formules que dans le précédent. On remarque aussi la signature de Benjamin Netter (1811-1889), un peintre paysagiste assez célèbre au XIXe siècle qui fut l’une des rares personnalités notables à suivre fidèlement Marconis de Nègre pendant plus de 20 ans au sein du Rite de Memphis. Il est le fondateur et le Vénérable Maître de la Loge Les
Se
ctateurs de Ménès.

 

Diplôme de Chevalier Kadosh, 30e degré du Frère Edme Octave Lecallier

5 février 1857, papier, encre, timbres humides, H. : 46,5 cm ; L. : 36 cm, Musée de la franc-maçonnerie (coll. GODF).

 

1863, imprimé, Bibliothèque du GODF, Fonds Ragaigne.

Convocation de la Loge Les Disciples de Memphis sous les auspices du Grand Orient de France

 

Convocation de la Loge Les Sectateurs de Menès sous les auspices du Grand Orient de France

1863, imprimé, Bibliothèque du GODF, Fonds Ragaigne.

 

Les Philadelphes, Rite Réformé de Memphis

Extrait du procès-verbal de la tenue du 18 avril 1863.

1863, manuscrit, Bibliothèque du GODF, Fonds Ragaigne.

 

Portrait de Harry J. Seymour en décor du Rite de Memphis

Tirage argentique, H. : 9 cm ; L. : 6,5 cm, Musée de la franc-maçonnerie (coll. GODF).

 

Circulaire du Souverain Sanctuaire du Rite de Memphis pour les États-Unis présentant l’échelle en 33 grades

Imprimé, [1866], Bibliothèque du GODF, Fonds Ragaigne.

« Considérant que le Grand Orient de France et le Grand Conseil du Rite maçonnique de Memphis sont convenus d’un commun accord qu’il n’y aura que 33 degrés, dont les 31e, 32e et 33e ne pourront être conférés
qu’avec l’autorisation du Conseil suprême ; Et attendu que ledit accord a été solennellement ratifié par feu le Ill. Fr. le Maréchal Magnan 33e, Grand Maître des Maçons pour la France et les possessions françaises, et le Ill. Fr. Marconis de Nègre, et les officiers du Grand Orient et du Rite de Memphis ; Et, considérant que les Officiers et les Membres du Rite Ancien et Primitif de Memphis estiment qu’il est dans l’intérêt du Rite et de la Maçonnerie en général, que les degrés soient condensés, concentrant ainsi les sublimes
Morales, Symboles, Allégories, Légendes Antiques, et Dissertations Philosophiques en 33 degrés, afin de mieux maintenir son unité, exercer la bienfaisance, propager la connaissance, et éviter les divergences qui
existent malheureusement dans les autres Rites Maçonniques ; Par conséquent, Nous, le Grand Maître  Général, par et avec l’avis et le consentement des Grands Officiers du Rite Ancien et Primitif, convenons par la présente que le Rite Ancien et Primitif de Memphis sera composé de 33 degrés, répartis comme suit… ».