Grand Orient de France


Le comte de Cagliostro

Estampe, XVIIIe siècle, dessinée par Brion de la Tour, gravée par Chapuy, H. : 23 cm ; L. : 16 cm, Musée de la franc-maçonnerie (coll. GODF).

Si l’ « initiation » est associée à l’Égypte dans l’imaginaire maçonnique dès les années 1730, Cagliostro sera le premier à proposer un système maçonnique affirmant mettre en œuvre un rite proprement « Égyptien ». Mage inspiré pour les uns, charlatan pour les autres, Cagliostro (Joseph Balsamo, 1743-1795) reste l’un des personnages emblématiques de la face cachée du siècle des Lumières. L’histoire et la littérature ont surtout retenu ses talents de guérisseur et ses aventures romanesques, de l’ « Affaire du collier de la reine » à sa disparition tragique dans les geôles de l’Inquisition à Rome. Reçu Maçon à Londres en 1777, il fonde en France un système de hauts grades – la « Haute Maçonnerie Égyptienne » – dont il est le « Grand Cophte ». Le 24 décembre 1784, il inaugure à Lyon la Mère-Loge du rite sous le titre distinctif de La Sagesse Triomphante. 

Séraphinia, comtesse de Cagliostro

Estampe, XVIIIe siècle, dessinée par Brion de la Tour, gravée par Chapuy, H. : 27 cm ; L. : 19 cm, Musée de la franc-maçonnerie (coll. GODF). 

Lorenza Feliciani, dite Séraphinia, assista son mari dans ses entreprises. Elle présidait la Loge féminine de la Haute Maçonnerie Égyptienne.

 

Rituels de la Haute Maçonnerie Égyptienne copiés pour la Loge La Sagesse Triomphante de Lyon


1784, manuscrit de 218 pages soigneusement calligraphiées (et 76 pages blanches), reliure en veau glacé à fermoir, H. : 16 cm; L. : 21,5 cm,

Bibliothèque du Grand Orient de France.  

Les grades d’Apprenti et Compagnon Égyptiens ne sont qu’une préparation à l’entrée dans le véritable Temple de la Haute Maçonnerie Égyptienne. Le récipiendaire y pénètre quand on lui confère le grade de Maître Égyptien. La Loge comprend douze Frères représentant les douze grands prophètes d’Israël. Elle est gouvernée par deux Vénérables figurant Salomon et Hiram roi de Tyr. À l’Orient, sur le côté de la Loge mais communiquant avec elle par une fenêtre, est aménagé un petit réduit appelé « le Tabernacle ». Il y a juste la place d’une chaise et d’une table sur laquelle est disposée une carafe d’eau. C’est là que prend place « la Colombe », une jeune fille médium dont le don de voyance a été réveillé par Cagliostro. La cérémonie d’ouverture consiste en différentes passes magiques visant à aider la Colombe à entrer en contact avec « les sept anges ». Ceux-ci doivent apparaître dans la carafe d’eau qui fait office de « boule de cristal » ou de miroir magique. Le récipiendaire n’est élevé à la Maîtrise que si ces anges l’autorisent.

 

Tableau pour la Chambre de réflexion de la Loge d’Apprenti Égyptien

Ph. J. Loutherbourg, aquarelle, H. : 20 cm ; L. : 15 cm, 1786, Musée de Torre Abbey, Torquay, Grande-Bretagne

« Le tableau de cette chambre sera transparent. Il y aura dans le centre une grande pyramide, à la base de laquelle on verra une caverne. Auprès de cette caverne on représentera le temps sous la forme d’un vieillard ayant un sablier sur la tête, une faux à la main gauche et deux grandes ailes aux épaules. Ses yeux seront fixés sur l’entrée de la caverne. Son attitude et son visage indiqueront la terreur et la crainte. À sa droite sera peinte la corne d’abondance. À sa gauche, des chaînes, un serpent et des instruments philosophiques ». (Labouré Denis, Secrets de la franc-maçonnerie Egyptienne, Chariot d’Or, 2002)

Originaire de Strasbourg, Philippe James Loutherbourg (1740-1812), fut nommé peintre du roi Louis XV avant de s’installer à Londres en 1771 et d’y continuer sa carrière. Il rencontra Cagliostro lors d’un séjour de celui-ci outre-Manche en 1785.

Tableau pour la Chambre de réflexion de la Loge de Maître Égyptien

Ph. J. Loutherbourg, aquarelle, H. : 20 cm ; L. : 15 cm, 1786, Musée de Torre Abbey, Torquay, Grande-Bretagne.

« Le tableau représentera un jeune homme vêtu en compagnon. Il sera assis sur une pierre au milieu d’une forêt, ayant l’air d’un homme fatigué plongé dans la méditation et les réflexions les plus profondes. Autour de lui seront des chaînes rompues et des instruments de supplice brisés. Les Furies paraîtront se retirer et l’abandonner. Il y aura un arc-en-ciel dans le haut, et au-dessus une pyramide devant laquelle sera placé, debout, un maître en uniforme avec son cordon. Il sera dans une attitude noble et fière, tenant son glaive à la main droite et le caducée de l’autre. Avec son glaive, il fera un signe d’encouragement au compagnon pour l’engager à pénétrer dans la pyramide. Et avec le caducée il lui montrera l’arc-en-ciel composé des sept couleurs primitives. Le ciel sera pur et serein. Au bas du tableau seront gravées les paroles ; Vaincre ou mourir, réfléchis avant que d’entreprendre ».