Grand Orient de France


 

La « Table Isiaque » du cardinal Bembo

Eau-forte, extraite de L’Antiquité expliquée en figures de Bernard de Montfaucon, Paris, 1722, T. II, 2e partie, p. 338-339, H. : 52 cm ; L. : 64 cm, Bibliothèque du Grand Orient de France.

Cette plaque de bronze niellée d’argent (H. : 75 cm ; L. : 128 cm) a été découverte en 1527 à l’occasion des destructions opérées par les troupes de Charles Quint lors du sac de Rome dans la septième « Guerre d’Italie ». Elle fascina tous les passionnés d’Égypte ancienne et de hiéroglyphes jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Elle est maintenant conservée au Musée des antiquités égyptiennes de Turin. Les spécialistes avancent aujourd’hui qu’elle a probablement été réalisée pour la décoration d’un temple d’Isis à Rome dans la deuxième partie du premier siècle. Mais, l’artisan qui la fabriqua était étranger à la culture égyptienne. Il se servit de modèles qu’il ne comprenait pas. Si l’iconographie générale des dieux est à peu près fidèle, en revanche, à quelques exceptions près, les « hiéroglyphes » ont été déformés au point d’être incompréhensibles par un familier de la langue égyptienne. La « Table isiaque » relève du syncrétisme romain tardif mais joua un grand rôle dans les spéculations sur l’Égypte en Europe à partir de la Renaissance.

 

Sethos, Histoire ou vie tirée des monuments

Anecdotes de l’ancienne Égypte, traduite d’un manuscrit grec, par l’abbé Jean Terrasson, Paris, Jacques Guérin, 1731. T. I., Bibliothèque du GODF.

 

Publié en 1731 par l’abbé Jean Terrasson (1670-1750), un érudit un peu touche à tout, Séthos connut un grand succès. C’est un roman de formation, à la manière du Télémaque de Fénelon, mais qui a pour cadre l’Égypte ancienne. Terrasson connaissait très bien les sources classiques sur l’Égypte comme Diodore de Sicile dont il a aussi publié une traduction. Tout en rappelant, pour la forme, dans quelques notes, qu’elle ne correspond pas aux enseignements de l’Église, l’auteur fait une longue présentation de la « spiritualité égyptienne » bien propre à séduire les esprits du siècle des Lumières. Ainsi, « Les Égyptiens par cette idée confuse d’unité dans l’Être divin, & de multiplicité dans ses symboles, sont les premiers auteurs de ce qu’il y a eu de plus sublime dans les opinions philosophiques ». Mais ce qui marqua le plus ses lecteurs fut la description de l’extraordinaire initiation de Séthos dans un majestueux temple situé sous la grande pyramide. « Quiconque fera cette route seul, et sans regarder derrière lui, sera purifié par le feu, par l’eau et par l’air ; et s’il peut vaincre la frayeur de la mort, il sortira du sein de la terre, il reverra la Lumière, et il aura droit de préparer son âme à la révélation des mystères de la Grande Déesse Isis ». Terrasson décrit en détail ces rudes épreuves par les quatre éléments. Séthos traverse des bûchers embrasés, des eaux sombres et tourbillonnantes et une redoutable machine lui administre l’épreuve de l’air. Initiation qui apporte à Séthos la sagesse et lui permet d’affronter les aventures que compte la suite du roman.

 

 

« Initiation Égyptienne » École française de la fin du XVIIIe siècle

Huile sur toile, H. : 95,4 cm ; L. : 121,8 cm, Musée de la franc-maçonnerie (Coll. GODF).

 

La pyramide est l’emblème de l’Égypte, les deux colonnes et la « porte basse » sont une claire allusion à la franc-maçonnerie. Scène symbolique où un personnage est successivement représenté dans différentes étapes qui le conduisent à l’initiation dans la « grande pyramide ». Au second plan un vaisseau – identifié comme anglais par son pavillon – semble attendre le nouvel initié ; doit-il le ramener à Londres ? La composition serait alors une allégorie des origines égyptiennes de l’initiation maçonnique. D’après les Anciens Devoirs puis les Constitutions d’Anderson de 1723, la Maçonnerie, fille de la géométrie, est née dans l’Égypte ancienne où Hermès, Euclide et « Peter Gower » (Pythagore) ont été Maçons et l’ont perfectionnée et enseignée. Après diverses pérégrinations dont, bien sûr, l’épisode du Temple de Salomon, la maçonnerie arrive en Angleterre où elle est organisée sous l’autorité du grand roi Athelstan (924-939).

 

Épreuves par les quatre éléments qui se pratiquaient dans la réception des initiés à Memphis

1791, eau-forte, H. : 25 cm ; L. : 37 cm, Musée de la franc-maçonnerie (coll. GODF).

  

Dessinée par Jean-Michel Moreau (1741-1814) dit « Moreau le Jeune » et gravée pour l’Histoire des religions et du culte de tous les peuples du Monde de Stanislas Delaulnaye en 1791, cette planche – « tirée de Séthos » – a été reprise en 1814 dans le livre d’Alexandre Lenoir La Franche-maçonnerie rendue à sa véritable origine (1814). Elle est devenue l’illustration emblématique de la notion d’initiation à la fin du XVIIIe et au XIXe siècle. Moreau le jeune était membre de la Loge Les Neuf Sœurs. Il a essayé là de représenter assez fidèlement les épreuves de l’initiation telles que décrites par l’abbé Terrasson dans son roman.